Jonathan Tiernan-Locke : La Fusée du Nord

Publié le par Pierre-Luc Fourier

http://www.leparisien.fr/images/2012/02/19/1868079_photo-1329675480890-1-0_640x280.jpg

 Un Anglais en promenade dans le Sud : Jonathan Tiernan-Locke

Par Pierre-Luc Fourier

 

Le regard bleu fuyant la caméra, des réponses brèves dans un français timide, le garçon semble tout étonné de l’effervescence qu’il suscite, il faut dire que nous le sommes tout autant…


"Pas possible ! Encore !" s'exclame le Belge Philippe Gilbert, en apprenant le nom du vainqueur. Nous sommes en haut de Fayence et Jonathan Tiernan-Locke, coureur de 3ème division de la formation Endura Racing, vient d’écraser la concurrence dans le mur final aux pourcentages étourdissants. Il remporte la deuxième et dernière étape du Tour du Haut-Var après avoir remporté le Tour Méditerranéen la semaine passée assorti de deux étapes. 5 victoires en deux semaines pour l’Anglais qui éclate au plus grand jour. A un âge (27ans) où le terme d’espoir n’a plus cours, comment un aussi grand talent a pu échapper à l’œil des observateurs ? En réalité, il faudrait plutôt poser la question différemment : comment un coureur a pu se soustraire à son talent aussi longtemps ?

Nous sommes en 2002, le jeune  Jonathan use ses fonds de cuissard sur son VTT de l’autre côté de la Manche. Il est alors en catégorie junior. Rapidement repéré, il rejoint l’Hexagone (d’où les bases en langue française) et plus précisément l’UV AUBE, un très bon club amateur champenois. Ses premiers tours de roue infructueux en France ne l’empêchent pas de participer aux championnats du monde de Vérone en 2004 avec l’équipe espoirs de Grande-Bretagne. Son ascension se poursuit l’année suivante en étant enrôlé par le CC Etupes, un club au standing encore supérieur. En pur grimpeur qu’il est (1,74m, 63kg), la bonne pente qu’il semblait suivre va brutalement s’inverser. Il rentre à la maison, mais plus que le blues, c’est une mononucléose qui s’abat sur lui. Il stoppe le vélo une année et se concentre sur ses études. Cependant, quand le talent coule dans les veines, il finit toujours par repasser un moment dans le cerveau. « JT » remonte en selle en 2008 et gagne quelques courses locales avant de revisiter de nouveau le concept de la montagne russe. Il chute en course, KO,  quelques dents cassés, l’addition est lourde… Par chance, l’impression laissée précédemment lui vaut l’opportunité de signer un premier contrat pro à presque 25 ans chez Plowman Craven. Locke se dévérouille et ses bons résultats le guident vers Rapha Condor, une autre formation britannique. Il s’impose dans une étape de l’Insurance Race en Irlande avant de  virevolter l’an passé sur le Tour de Grande-Bretagne où il finit meilleur grimpeur dans un style de pur attaquant.

 

Endura Racing ne manque pas l’occasion de le subtiliser à Rapha Condor à l’intersaison, il faut même préciser qu’il était un moment sur les tablettes de la Sky, formation phare de l’UCI World Tour. Débarassé de sa poisse et à l’issue d’un hiver studieux: "cette année, j'ai perdu 6-7 kilos", le natif de Plymouth au sud-ouest de l’Angleterre peut enfin s’exprimer et même laisser éclater sa classe au plus grand jour. La suite, on la connait : impérial sur le Tour Méditerranéen la semaine passée, encore plus ce week-end sur les routes varoises avec une concurrence haut de gamme (Gilbert, Voeckler, Rolland, Pinot, Fédrigo), « JT » est la révélation de ce début d’année. On espère juste pour lui que le maillot Endura Racing qu’il porte à ce jour ne devienne pas rapidement trop petit pour accéder à certaines courses de haut niveau, car à 27 ans, Jonathan n’a plus le temps…

Publié dans Portraits

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article