Une bonne histoire belge

Bakelants (RadioShack - Leopard) qui ouvre son palmarès et se pare de jaune, Froome qui met une mine, Chavanel privé de cadeau. En Corse, la route du Tour déroute toujours.

Etrange, c'est le premier mot qui m'est venu à l'esprit à la fin de cette étape, étrange, oui, car tous les ingrédients étaient réunis pour nous faire frémir les poils de bras et nous mettre la barre au ventre et pourtant, une sensation floue s'est dégagée de cet épisode 2. Retour en arrière, l'inévitable échappée du jour se dessine une fois encore du premier coup, on n'ira pas jusqu'à citer ses malheureux tant le peloton ne leur a pas laissé l'ombre d'espérer, derrière, les FDJ.FR vissent un coup dans la grosse difficulté du jour, l'objectif: protéger notre meilleur espoir masculin, Thibault Pinot, en réduisant le nombre d'unités dans le peloton. Résultat: Thibault Pinot n'aura pas à frotter, Kittel se voit contraint de faire du tourisme avec les autres sprinteurs et l'échappée n'existe plus. Voeckler et Rolland tentent bien quelques escarmouches Made in France mais rien de bien sérieux. Une bonne moitié de peloton va se présenter à Ajaccio pour en découdre mais c'est oublié l'essentiel: Une bonne patate d'une borne à 10% de moyenne à 13km de l'arrivée. On attend tous le tordage de pédalier "à la" Philippe Gilbert, l'explosivité du fumeur de Havanes, Purito, que va faire Sagan? En mettre une, suivre l'attaque ou compter sur ses coéquipiers? Mais non.... rien de tout ça, Cyril Gautier tente sa chance (décidément, il faut qu'il trouve vite un sponsor pour l'an prochain Europcar) Flecha le Flandrien dans la roue. Derrière, personne ne bronche et Richie Porte fait le tempo pour la Sky, Flecha est repris, Gautier bascule en tête, derrière, surprise du chef!!! Froome accélère en haut, probablement pour tester un Contador qui pansait encore ses plaies. Le brit-kenyan compte déjà plus d'attaques que Wiggins l'an passé. En vain, Gautier et Froome sont repris. Qui contre? Notre Chavanel national bien sûr, c'est écrit Mimosa fête ses 34 printemps aujourd'hui, et Ajaccio sera sa cerise sur le gâteau. C'est bon l'étape est sauvée, accompagné de 5 hommes, ils creusent l'écart, 5 secondes, bientôt 10, derrière, Sagan n'a que 2 équipiers pour rouler, 6 contre 2, avantage échappée. Chavanel doit gagner, Chavanel va gagner mais non... Jan Bakelants, physique anonyme, aucune victoire depuis ses débuts pros en 2009, n'est pas relayé à 1500m de la ligne, le Belge part en facteur et personne ne fait l'effort pour sauter dans sa roue. Surprenant, même lui semble perdu sur son vélo, d'ailleurs tout le monde semble perdu car Radio Tour crie le nom de Markel Irizar, les commentateurs relaient l'info, on ne sait plus qui est ce coureur non identifié qui va gagner et prendre le jaune. Irizar, Bakelants, Bakelants Irizar, fin du suspense, c'est bien le Belge de la RadioShack qui s'impose, partagé entre joie et incrédulité au passage sur la ligne, maillot jaune à la clé. Le peloton échoue à un souffle avec Sagan en commandant. On attendait un cador, on a eu le droit à une première, une deuxième première même après Kittel hier. "Difficile à croire" disait Bakelants à l'arrivée, on est bien d'accord... A noter la bérézina totale chez Cofidis, Taaramae lâche 5 minutes et Coppel plus de 12, étrange, encore.